L’Amour menaçant, Maurice Falconet

 

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Etienne-Maurice FALCONET, L’Amour menaçant, vers 1757, marbre, H. : 0,48m ; L. : 0,34m ; Pr. : 0,22m. R.F. 296, Paris, Musée du Louvre, Legs Auguste Rougevin, 1877. © RMN – Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski

 

   Commandée par une des favorites de Louis XV, sans doute la plus célèbre – Madame de Pompadour – à Etienne-Maurice Falconet (1716-1791) à la suite de son exposition au Salon de 1755, cette œuvre représente un Cupidon assis sur un nuage et invitant au silence, avec un regard espiègle, avant qu’il ne tire une flèche de son carquois.

   Cette sculpture, mondialement connue, a orné le palais parisien de la favorite (l’actuel palais de l’Elysée) avant d’arriver au Musée du Louvre. Par les différentes étapes de sa vie d’œuvre d’art, L’Amour menaçant est tout à fait représentatif des Salons, des commandes et de la diffusion des sculptures du XVIIIe siècle.

Les Salons au XVIIIe siècle

   Se déroulant au Palais du Louvre, cette manifestation exposait des œuvres agréées par l’Académie royale de peinture et de sculpture créée par le cardinal Mazarin, à partir de 1673, puis par l’Académie des Beaux-Arts en 1817 et jusqu’en 1880. Le but du Salon était au départ de présenter au public les œuvres des derniers lauréats de l’Académie.

   Généralement, les sculptures présentées au Salon étaient faites en plâtre, matériau meilleur marché, avant qu’une demande d’un riche commanditaire ou de la maison du roi ne permette de la sculpter en pierre ou en marbre. Ainsi, au Salon de 1755, Falconet présente son Amour en plâtre et en 1757, il y présente sa version en marbre commandée par la marquise de Pompadour, qui devait orner le jardin de l’Hôtel d’Evreux, actuel Palais présidentiel.

   Ses multiples versions, dont celles d’Amsterdam et de l’Ermitage, rendent compte de multiples variantes par rapport au modèle en plâtre. Cette multiplicité est représentative du succès que connu cette œuvre au Salon de 1757.

Les commandes de Madame de Pompadour

   Madame de Pompadour, bénéficiant des réseaux des bâtiments du roi, s’est entourée de nombreuses sculptures, en particulier des statues d’artistes issus du Salon. Ces œuvres de grande taille permettaient d’agrémenter ses différentes demeures, notamment l’hôtel d’Evreux et son palais de Bellevue.

   Bien que certaines sculptures étaient au service de la mise en valeur de son image, d’autres représentaient ses goûts personnels et Falconet en faisait partie, tout comme Bouchardon. Les témoignages de ces artistes sont tout à fait révélateurs du rôle protecteur de Madame de Pompadour dans le domaine des arts.

Etienne-Maurice Falconet et la manufacture de Sèvres

   L’Amour menaçant a été déterminant dans la carrière de Falconet. Son art marque une révolution dans l’histoire de la sculpture. Il crée un équilibre entre l’Antiquité par les sujets mythologiques et l’observation de la nature par des visages actualisés. Il apporte une grande importance au caractère naturaliste et tactile du marbre.

   A partir de 1757, il obtient la protection de la marquise de Pompadour qui lui confie la direction de l’atelier de sculptures de la Manufacture royale de porcelaine de Sèvres. Il donne des modèles pour la production des biscuits, technique qui vient d’être mise au point. Le modèle de l’Amour sera un des premiers modèles de cette manufacture. Ces compositions de Falconet, plus petites et moins chères, ont donc pu être diffusées à très grande échelle et connurent un très grand succès parmi les amateurs.