Le collectionnisme au XVIIe siècle

Qui sont les collectionneurs du XVIIe siècle ?

   Le XVIIe siècle voit émerger la figure du connaisseur. Appelé également sous la terminologie de « curieux », ce terme au XVIIe ne fait pas encore l’objet d’une véritable définition.

   Le collectionneur  est la personne qui fait l’acquisition d’une ou plusieurs œuvres, dont le montant de la vente constitue une forme de soutien matériel à l’artiste.

   Le commanditaire est un terme qui se confond avec celui du collectionneur,  il s’applique à celui ou ceux qui passent commande d’une œuvre auprès de l’artiste. Il peut être une personne privée, et dans ce cas il s’agit généralement d’un collectionneur intervient pour créer les conditions de possibilité de la réalisation d’une œuvre en particulier — c’est-à-dire qu’il joue un rôle de « producteur » de l’œuvre en question destinée à rejoindre sa collection. Le commanditaire peut également être un groupe de personnes représentatif d’un ordre ou d’une corporation.

   On distingue également le mécène qui joue un rôle différent. Il s’agit d’une personne privée qui vient en soutien d’un artiste, en mettant à sa disposition les moyens financiers qui servent à amplifier la reconnaissance publique de son œuvre : en finançant une exposition par exemple, ou encore en faisant l’acquisition d’une pièce donnée ensuite à l’État.

 

Exemple de quatre grands collectionneurs
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Diego Velazquez
Portrait de Philippe IV d’Espagne, vers 1656, huile sur toile, 47 x 37cm
Londres, the National Gallery

   Le roi Philippe IV d’Espagne (Valladolid, 1605 – Madrid, 1665) compte parmi les plus grands mécènes et collectionneurs de son temps. Très jeune, le roi développe une sensibilité artistique.

Sa politique culturelle se veut protectrice des arts et des artistes. Il fait venir de nombreux artistes à la cour, notamment Diego Vélasquez, qui deviendra premier peintre du roi, et d’autres artistes espagnols. Sa politique artistique est internationale et son rayonnement attire jusqu’au peintre flamand Pierre Paul Rubens. Le roi réalise de nombreuses commandes auprès des plus grands peintres de son siècle tels que Nicolas Poussin ou Claude Gelée. 

Philippe IV possède une des plus grandes collections d’Europe rassemblant des œuvres des grands maîtres de la Renaissance tels que Raphaël, Mantegna, Lanfranco, Le Titien, Dürer et bien d’autres. Il parvient à la fin de sa vie à collectionner au total plus de 800 toiles.

 

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Frans Pourbus le jeune
Portrait de la reine Marie de Médicis, vers 1610, huile sur toile, 307 x 186cm
Louvre-Lens

   Héritière des goûts de la famille des Médicis pour les arts, Marie de Médicis (Florence, 1575 – 1642, Cologne) est considérée comme une des plus grandes mécènes de son époque. Sensible à tous les arts, elle mène une politique culturelle ambitieuse. La reine s’entoure d’artistes, de poètes, d’hommes de lettres et de musiciens qu’elle fait venir à la cour. Elle s’attache beaucoup au développement des arts décoratifs, notamment dans l’aménagement de ses appartements dans les demeures royales du Louvre et de Fontainebleau.

Epouse du roi Henri IV et mère de Louis XIII, la reine joue également un rôle important dans l’essor de la vie artistique parisienne en finançant des campagnes de travaux dans plusieurs couvents et églises de la capitale. Marie de Médicis développe un gout prononcé pour les portraits et s’entoure d’artistes tels que Charles Martin et surtout le flamand Frans Pourbus Le Jeune.

Sa grande réussite demeure l’aménagement et le décor du palais du Luxembourg (vers 1620) qui devient le chantier le plus ambitieux d’Europe à l’époque. Des artistes tels que Pierre Paul Rubens – qui réalise le grand cycle de Marie de Médicis aujourd’hui au Louvre -, Giovanni Baglione, Orazio Gentileschi, Simon Vouet, Philippe de Champaigne et des sculpteurs comme Guillaume Berthelot, s’attèlent à l’aménagement et à la décoration du palais.

 

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Le Caravage
Portrait du cardinal Maffeo Barberini, huile sur toile, 121 x 95cm
Collection particulière

   Maffeo Barberini (Florence 1568 – Rome 1644), devenu pape sous le nom d’Urbain VIII en 1623, est surnommé le pape bâtisseur. Il mène durant toute sa vie une politique culturelle fastueuse et applique les principes de la Contre-Réforme dans les arts. Grand admirateur du Bernin, il lui commande une série d’œuvres notables telles que la Sainte Bibiane, des bustes à son effigie, mais également une série de monuments pour la ville de Rome (baldaquin à Saint-Pierre de Rome ou la Fontaine du Triton de la place Barberini). Grand mécène, il soutient et encourage les artistes de son époque tels que Pierre de Cortone, Nicolas Poussin ou Andrea Sacchi.

 

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Hyacinthe Rigaud
Portrait d’Everhard Jabach, 1688, huile sur toile, 47 x 58 cm, Cologne, musée Wallarf-Richartz

   Everhard Jabach (1618, Cologne – 1695, Paris), banquier d’origine allemande, compte parmi les plus grands collectionneurs du XVIIe siècle. Arrivé en France en 1638, il se fait naturaliser français en 1647. Passionné de peinture et d’arts graphiques, il posséda une collection réunissant des chefs d’œuvre de son époque : le Corrège, Titien, Caravage, Rubens et bien d’autres. En 1661-1662 ainsi qu’en 1671, le collectionneur céda une grande partie de sa collection à Louis XIV, permettant à quelques cinq mille dessins d’entrer dans les collections royales.

 

   Les collectionneurs au XVIIe siècle : identité multiple

   Le XVIIe siècle voit l’émancipation de différentes classes sociales telles que les bourgeois qui s’ajoutent aux grands collectionneurs – grands seigneurs, gens d’Église et homme de finance. Ce siècle voit  la multiplication des commandes privées auprès de marchands et le développement de boutiques.

 

Les lieux de collectionnisme

   Le XVIIe siècle témoigne de l’émergence de différents lieux de collectionnisme.

   Les cabinets de curiosités désignent au XVIe et XVIIe siècles des lieux secrets dans lesquels on collectionne et présente une multitude d’objet rares ou étranges représentant les trois règnes : le monde animal, végétal et minéral, en plus de réalisations humaines. Le terme désigne à la fois un lieu mais aussi un meuble où st destiné la collection. Il apparaît souvent comme un lieu de passe-temps,  plus qu’un lieu de recherche. Il devient « institution » et s’ouvre progressivement à un public de plus en plus large.

   Tous les « grands » se doivent d’en posséder un. Les cabinets se veulent encyclopédiques, regroupant des antiquités, des tableaux, des instruments de musique ainsi que des objets d’histoire naturelle. Les plus riches collectionneurs ont tendance à agrandir leur collection, celle-ci se voyant déborder du cabinet-meuble et se propageant partout autour même sur les murs : on utilise alors le terme de « cabinet » pour désigner le lieu, la pièce.

 

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