La Laitière, Johannes Vermeer

 

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Johannes Vermeer (1632-1675), La Laitière, vers 1658, huile sur toile, 41 x 45 cm
Amsterdam, Ryjksmuseum

 

   Ce tableau de petit format est l’une des œuvres les plus célèbres du peintre ; cette figure de la Laitière a marqué l’histoire de la peinture.

   L’artiste reprend ici son sujet de prédilection qu’est la scène de genre. Cependant, au lieu de peindre des personnages appartenant à la bourgeoisie et l’aristocratie de l’époque comme il le fait à son habitude, il fait le choix ici de nous présenter une laitière, une femme de petite condition. La scène se situe dans un intérieur hollandais typique des œuvres de Vermeer reprenant le sol carrelé, les faïences de Delft sur la plinthe du mur blanc, mais également la fenêtre – source de lumière du tableau. Dans cet espace clos, probablement d’une arrière-cuisine, cette femme située au centre de la composition verse du lait. Le temps semble être suspendu dans son geste délicat et précis. Cette œuvre rassemble tous les talents de l’artiste dans l’exécution minutieuse des détails représentés. En effet, la table placée devant la servante constitue une véritable nature morte intégrée à la scène de genre. Le peintre use avec brio l’harmonie des couleurs du bleu, du jaune et du blanc et illustre sa maîtrise des reflets lumineux sur le visage de la servante ainsi que sur le mur blanc. Ce personnage de la laitière a été perçu comme une figure nourricière à dimension maternelle et allégorique.

 

Le marché de l’art aux Pays-Bas (XVIIe siècle)

   Les Flandres et les Provinces-Unies, autrefois deux territoires espagnols, se séparent au moment du traité de Westphalie en 1648 : les Pays-Bas deviennent une République autonome, tandis que les Flandres restent espagnoles. Une autre réalité du marché de l’art s’y développe alors.

   En premier lieu, il faut reconsidérer les sources des commandes. Les Provinces-Unies sont un territoire protestant : or, l’image est interdite dans les temples calvinistes et luthériens, soustrayant un immense potentiel de commande aux artistes de ce territoire.

   Le marché de l’art était alors dominé par les marchands collectionneurs, qui achetaient selon leurs goûts ; c’était aux artistes de s’adapter à la demande, d’ajuster leur production pour garder leur clientèle. On observe néanmoins une évolution de la situation : dans la première moitié du siècle, il s’agissait pour les artistes de créer des figures simples, des images en masses, car les acheteurs étaient nombreux, certains avec des moyens simples : les œuvres d’art étaient parfois vendues dans des foires, dans des kermesses à prix très bas. Ainsi les intérieurs des acheteurs les plus riches étaient recouverts de tableaux de petit format, du sol au plafond. Au moment des traités de Westphalie, et donc de l’indépendance des Pays-Bas, il y a un regain de production de richesses dans ce territoire. Ainsi, à partir de 1648, le marché de l’art des Provinces-Unies se spécialise, en même temps que le goût des acquéreurs ; ce commerce devient l’affaire de marchands aux goûts affirmés, plus riches, prêts à dépenser de larges sommes pour des productions plus méticuleuses, soignées et réfléchies.

   Johannes Vermeer répondait souvent aux commandes d’un marchand, mais il était également soumis au goût de celui-ci. On retrouve les thématiques en vogue dans le marché de l’art contemporain : les petits formats, scènes de genre au caractère parfois didactique ou moralisateur.

 

 

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